Nous voici embarqués sur une mer agitée.
Nous voici en pleine tempête, sociétale, culturelle, politique, médiatique, spirituelle, existentielle.
Les vagues d’invectives, de mépris, de violence, de rejet, de haine se déchaînent.
Nous voilà ballottés, submergés.
Qui nous sauvera ?
À qui se vouer ?
Y aura-t-il un homme ou une femme providentiel pour apaiser les voix qui s’élèvent, n’amènent pas le silence et l’apaisement mais semblent plutôt rajouter du déchaînement.

J’aimerais entendre un « silence tais toi » (Mc 4, 39) adressé à la fureur du monde et non la surenchère des accusations et des insultes.

Qui se lèvera pour envisager le bien commun et non le sauve qui peut des intérêts individuels et des mesquineries partisanes ?
Qui se lèvera pour dire la responsabilité dans ce désastre de tous, toutes et de chacun, chacune, là où il, elle est, à tous les échelons de la société par cupidité, soif du pouvoir, mépris des plus petits, individualisme, indifférence, incivilité, manque d’engagement, de responsabilisation, victimisation, fraude, violence….
Qui se lèvera pour refuser le choix de boucs émissaires bien opportuns, choisis pour leur identité ou leur couleur politique, religieuse, de peau, d’origine, culturelle, sexuelle ?
Qui se lèvera pour dire que nous avons besoin de chacun, chacune, dans sa différence d’opinion, de culture, de formation, de religion, d’origine, de talent, pour construire notre être ensemble ?

L’unité ne se fera que dans le tissage de tous les fils de nos différences et de nos singularités respectées.

Entendre un « silence tais-toi » lancé aux forces de morts, aux paroles qui rejettent et assassinent, aux actes de violences xénophobes, racistes, antisémites, islamophobes ou sexuelles….
Mais aussi à toutes les « petites » violences quotidiennes du chacun pour soi dans les rues, les transports, les magasins, les médias et réseaux sociaux.

Entendre, que « veux-tu que je fasse pour toi » (Lc 18,41), que veux-tu faire avec moi ?
Entendre, non pas chacun pour soi, mais allons ensemble construire ce chez nous que nous espérons et où nous vivrons mieux, non par ce que nous prenons à l’autre mais par ce que nous offrons de nous-mêmes.
Entendre dire à chacun, chacune, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, « tu as du prix à mes yeux » (Is 43,4) et j’ai besoin de toi pour être.
Entendre des paroles qui disent le beau, le bon, le bien, des paroles qui bénissent enfin.
Entendre se le lever, non pas un seul, mais une foule d’hommes et de femmes, différents, unis et responsables pour bâtir un destin commun.

Voilà la seule manière de faire taire la tempête et d’atteindre ensemble, sans en perdre aucun, la rive que nous espérons tous.

Colette Hamza, xavière, 2 juillet 2024